Les ponts couverts au Québec

Conférence présentée par JEAN LEFRANÇOIS
Mercredi 19 octobre 2011, 19 h 30
Hôtel de ville, Mansonville

Résumé

Le Québec compte 12 000 ponts-routes sur l’ensemble de son territoire. Moins de 1 % sont des ponts couverts. À elle seule, la province compte 57 % des ponts couverts canadiens dont le nombre est de 154. À l’échelle mondiale, le Québec abrite 7 % de ces structures en bois. Serait-il l’Éden des ponts couverts?

Du début du XIXe siècle à la fin des années 50, le phénomène des ponts couverts est indissociable de l’histoire du Québec, car beaucoup de ces ouvrages en bois étaient indispensables : lieux de passage, ils sont alors le catalyseur de nouvelles colonies. La vie s’y greffe. Ces ponts de colonisation unissent les rives, facilitent la mise en marché des produits du terroir et donnent accès aux lieux de culte, véritable ciment de la société québécoise en ces temps où le clergé exerce une influence réelle. La mise en service sur les cours d’eau de ces constructions ouvrées signifiait la plupart du temps la marche vers une économie prometteuse et des jours meilleurs. Jadis, il s’en est bâti près de 1 500. Le pont couvert québécois s’est transformé au fil des décennies. Au XIXe siècle, les styles sont très variés et parfois enrubannés de coquetterie. Les ponts affichent ni plus ni moins les talents d’architecte et de charpentier de leur constructeur comme de véritables signatures. Qui aurait cru à une telle variété de ponts couverts au Québec? Un siècle d’usage plus tard, vers 1905, la conception des ponts couverts atteint un degré de perfectionnement élevé au moment où les fonctionnaires provinciaux du ministère de la Colonisation dessinent le pont Town québécois, archétype peu coûteux et très peu changeant, mais d’une efficience extrême que l’on ne retrouvera nulle part ailleurs dans le monde. En cinquante ans, 500 ponts Town québécois sont construits.

De nos jours, pour les petites communautés vivant aux côtés de ces belles charpentes d’autrefois, le pont couvert représente un patrimoine sans égal. Depuis les 20 dernières années, le ministère des Transports du Québec a investi beaucoup dans le but d’en assurer la pérennité. Ces derniers temps, nous assistons à un éveil collectif pour sauvegarder les 88 ponts couverts authentiques disséminés dans toutes les régions du Québec. Jadis, les ponts couverts au Québec étaient considérés comme des constructions durables, aujourd’hui ces traverses d’antan sont réputées héritage précieux.

Biographie

Jean Lefrançois, le Pontife*

Jean Lefrançois compte vingt-quatre ans d’expérience dans l’étude des ponts. En 1986, ce Gaspésien se joint au ministère des Transports du Québec comme technicien. Pendant seize ans, il travaille à l’inspection, à la réparation et à la reconstruction des ponts et autres ouvrages d’art dans les régions du Lac-Saint-Jean et de Québec.

Sa passion des ponts le conduit à s’interroger davantage sur l’origine des traversées des rivières jeannoises. En 1997, son enthousiasme l’amène à diffuser ses travaux de recherches par l’entremise d’un site Internet sur les ponts du Lac-Saint-Jean. Deux ans plus tard, la Société historique du Saguenay l’invite à préparer un numéro spécial présentant ses découvertes dans la revue Saguenayensia.

De 2002 à 2006, il gagne les rangs de la Direction des structures où il participe à la recherche et à l’écriture du Manuel d’évaluation patrimoniale des ponts du Québec et à la rédaction d’une Orientation ministérielle sur l’identification et la gestion des ponts à valeur patrimoniale pour le ministère des Transports du Québec. En 2004-2005, il s’acquitte de la publication d’un livre sur les ponts couverts au Québec.

Depuis près de 13 ans, Jean Lefrançois publie fréquemment dans des revues et périodiques des articles très fouillés à couleur historico-technique sur des ponts québécois méconnus, mais d’un intérêt certain. Ses connaissances jumelées aux demandes du milieu l’amènent de plus en plus à prononcer des conférences ou à participer à des documentaires télévisés favorisant la découverte de ce volet de notre patrimoine bâti.

 

*« Pontife » est son pseudonyme de chercheur.

À Rome, les pontifes sont chargés de l’entretien du pont sacré (pont Sublicius) et de surveiller la bonne observance des pratiques religieuses. Les pontifes s’occupent aussi des temples ne disposant pas de clergé propre. De plus, ils tiennent les archives de l’Empire : Ils consignent les faits notables dans les Grandes Annales, ainsi que diverses choses comme les cultes, les précédents en matière de droit. Les Grandes Annales sont tenues secrètes pendant longtemps jusqu’à ce que le grand pontife Mucius Scaevola les rende publiques en 123 Av. J.-C.

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