Les textes de Willis pour les deux ouvrages sont médiocres : il a tiré une grande partie de ses renseignements sur l’Amérique du Nord britannique des œuvres d’auteurs tels Pierre- François-Xavier de Charlevoix, George Heriot, James Pattison Cockburn et Catharine Parr Traill [Strickland].
Cependant, les sépias de Bartlett, mesurant cinq pouces sur sept, sont restées populaires. Cela tient beaucoup à l’attention que Bartlett portait aux détails architecturaux (par suite de sa formation), aux expériences vécues durant ses voyages et à son propre goût pour le pittoresque et le sublime des paysages.
Son art plaisait aux gens, heureux de regarder passivement des gravures représentant des scènes qu’ils reconnaissaient facilement, grâce à leur propre expérience ou à leurs lectures. Appliquant les théories de William Gilpin et d’Edmund Burke, Bartlett mettait l’accent, dans ses dessins, sur les irrégularités et les aspérités des paysages, l’ombre et la lumière, les ruines, l’immensité des montagnes, l’étendue des rivières impétueuses et l’énormité des rochers escarpés.
Par-dessus tout, on pouvait facilement reconnaître les paysages de Bartlett. Sur les 120 gravures de Canadian scenery illustrated, 6 seulement n’ont pas d’emplacement géographique précis. Les dessins de Bartlett possèdent donc une valeur historique considérable, car ils représentent le pays et ses habitants tels qu’ils apparaissaient en 1838 aux yeux de quelqu’un à l’affût du pittoresque. Près de 100 de ces gravures montrent des rivières, des lacs, des rapides et des chutes d’eau, et dans beaucoup d’entre elles Bartlett a croqué sur le vif la vie quotidienne des Canadiens : le progrès de la colonisation, la présence des unités de l’armée britannique, les voyages en canot, en bateau à voiles et à bord des premiers bateaux à vapeur, le commerce du bois par radeaux naviguant sur la rivière des Outaouais, les moulins de la rivière Rideau et de Sherbrooke, au Bas-Canada, les marchés de poisson et les quais, le creusement du canal de Cornwall et, plus particulièrement, les maisons des habitants, de la cabane en bois rond des pionniers du Haut-Canada au confortable bungalow à charpente de bois du juge Thomas Chandler Haliburton, à Windsor, en Nouvelle-Écosse. Comme ce fut le cas pour Canadian scenery illustrated, les dessins de Bartlett assurèrent la popularité d’American scenery. Le style des illustrations de ce volume est semblable à celui de Canadian scenery illustrated ; les sujets représentés, typiquement américains, montrent l’avance économique de l’est des États-Unis sur les deux Canadas.