Krieghoff a fait un très grand nombre de tableaux et il est actuellement impossible de mesurer exactement l’étendue de son œuvre. Des 500 tableaux catalogués par Charles-Marius Barbeau*, plusieurs doivent être retranchés. Par contre, il s’en est ajouté une grande quantité. Il semble avoir peint environ 700 tableaux. Neuf ont été détruits dans la salle de l’Assemblée législative, lors de l’incendie du parlement de Québec en 1881, d’autres ont été volés. Une réévaluation de l’art de Krieghoff nécessiterait un effort systématique afin de dresser un catalogue exact de ses œuvres. Tant que ce travail n’aura pas été fait, on peut apporter des détails nouveaux mais il demeure impossible de connaître l’œuvre de Krieghoff dans toute sa complexité.
Il ne semble pas que Krieghoff ait gravé lui-même mais il aurait fait lithographier ses œuvres au cours de l’année 1848, pendant son séjour à Montréal. Technique nouvelle, la lithographie avait été inventée en 1796 et était devenue populaire en Europe au cours des années 1820. En 1848, Krieghoff fait lithographier quatre de ses peintures par la firme Borum de Munich. Ces lithographies sont dédiées à lord Elgin et vendues par souscription. Puis une compagnie de Philadelphie publie deux estampes représentant des mendiants : Pour l’amour du bon Dieu ! et Va au diable !
En 1860, John Weals de Londres publie au moins deux gravures : Passagers et la poste traversant la rivière et Chef indien. Le séminaire de Québec possède une admirable gravure en couleur représentant le Cône de glace aux chutes Montmorency. Cette estampe fut exécutée aux ateliers lithographiques de Day and Son à Londres et publiée par Ackermann Co.
Krieghoff fut-il un dessinateur prolifique ? Il semble que non, car on ne lui connaît actuellement aucun dessin. Pendant quelques années on a cru posséder de lui un admirable carnet de 36 esquisses représentant plusieurs sites de Montréal. Mais il est maintenant prouvé que ces esquisses sont de la main de James Duncan*. Le tempérament impulsif de Krieghoff s’accommode sans doute assez mal des longues études ; il peint sur le vif et sans le secours d’esquisses préliminaires.
Krieghoff est peut-être l’un des artistes canadiens les plus controversés. Alors que certains le montent aux nues, d’autres ne trouvent pas d’expressions assez triviales pour qualifier son œuvre. Il semble qu’au ...e siècle, Krieghoff soit fort apprécié et qu’il vende facilement ses œuvres. À Québec, les officiers anglais aiment acheter des souvenirs pour leur famille et ses tableaux offerts à prix minime trouvent facilement acheteur. Cela nous est confirmé par les ventes à l’encan organisées par la compagnie Maxham dont Budden faisait partie.