Le 1er août 1861, le Journal de Québec annonce pour le 7 août une vente de gravures collectionnées par Krieghoff. Le 21 décembre, le même journal annonce une vente de 100 œuvres de Krieghoff en mentionnant le Divertissement [Merrymaking ?]et l’Alchimiste. Dans ce lot, se trouvent des copies d’après des maîtres anglais et autres. On mentionne que « c’est la dernière et la seule occasion de se pourvoir des œuvres dues au crayon de M. Krieghoff, attendu qu’il part bientôt pour l’Europe ». Mais cette vente n’a sans doute pas lieu car le 27 mars 1862, on trouve à peu près la même annonce. Cette fois, le lot s’est assez bien vendu puisque, le 13 décembre, la même compagnie annonce la vente de ce qui reste, soit 30 peintures à sujets canadiens et quelques gravures. Le 13 décembre aussi, le Journal de Québec fait part de la vente de sa collection d’oiseaux empaillés, de pièces de monnaie, de curiosités chinoises et surtout de sa bibliothèque formée de 1 200 volumes tant historiques et scientifiques que classiques. Celle-ci se classe donc parmi les bibliothèques privées importantes puisque, dans la première moitié du ...e siècle, la plupart contiennent moins de 500 volumes. Cette vente jette un jour nouveau sur la personnalité du peintre. Sa vaste curiosité et ses goûts de collectionneurs prouvent bien que Krieghoff ne fut pas le gai luron, ivrogne et bambochard que l’on s’est plu à présenter en l’identifiant trop légèrement à certains personnages de ses toiles.
Après son départ de Québec, des œuvres apparaissent encore sur le marché. Ainsi, le 18 octobre 1870, le Journal de Québec annonce une vente de peintures venues d’Europe et « quelques sujets canadiens, russes et anglais par Krieghoff ». Sauf erreur, il n’y eut pas de vente à l’encan des œuvres de Krieghoff avant 1862, alors que l’artiste désire liquider ses œuvres, ses collections et même ses meubles avant son départ. Il serait donc exagéré de dire que ce sont les commissaires-priseurs de la compagnie Maxham qui ont lancé Krieghoff en lui commandant des peintures qui se vendraient bien grâce à une habile publicité.
La vérité semble plus simple. Krieghoff vendait régulièrement aux amateurs ses toiles plaisantes et vives. À la veille de son départ, son ami Budden l’aide à vendre ses collections et ses œuvres en les offrant aux enchères.
Annoncé en 1862, le départ de Québec soulève quelques problèmes. L’artiste ne semble pas s’être rendu en Europe. Il semble plus probable qu’il soit allé rejoindre sa fille Emily, dès cette date. Mariée une première fois à Québec avec le lieutenant Hamilton Burnett, celle-ci avait épousé en secondes noces le comte de Wendt, Russe émigré à Chicago. À la fin de sa vie, Krieghoff serait venu visiter Québec et Montréal. Le 9 mars 1872, il meurt subitement à Chicago.
Au XXe siècle, deux courants d’opinion se dessinent, cependant que la valeur commerciale de ses œuvres ne cesse de monter en flèche. En 1893, John George Bourinot* adresse une première louange à Krieghoff dans son volume Our intellectual strength and weakness. Il loue le peintre pour avoir attiré l’attention le premier sur la beauté des scènes canadiennes et George Moore Fairchild corrobore ce jugement en 1907. Henri-Arthur Scott allait exagérer tellement la valeur de cet artiste qu’il était facile de prévoir dès ce moment une réaction en sens contraire. Scott, éperdu d’admiration, s’écrie : « Nous avons vu des peintures de Krieghoff, des couchers de soleil d’un éclat qui vraiment rappelle les merveilleuses splendeurs du couchant et nous permet d’affirmer que la richesse de sa palette n’avait rien à envier à tout ce qu’on voit de plus beau en ce genre dans les musées européens. Mais alors pourquoi ce peintre n’est-il pas connu là-bas, placé au nombre des grands paysagistes, les Corot, les Courbet, les Ziem, les Théodore Rousseau ? Il peignait nos « quelques arpents de neige » et ce n’était pas assez pour réchauffer l’opinion en Europe. » En 1925, Newton McFaul MacTavish* compare Krieghoff à William Hogarth pour sa facilité à caricaturer les types qu’il rencontre.