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Les ponts couverts

Les premiers ponts couverts furent construits en Asie et en Europe et certains datent des XIIe et XIIIe siècles. En Amérique, l’ingénieur Thimothy Palmer, de Newburyport au Massachusetts, construisit en 1797 le premier pont couvert. Depuis le milieu du siècle dernier jusqu’en 1958, plus de 1000 ponts couverts d’inspiration américaine ont été construits sur le territoire du Québec. Des 245 ponts que comptait le Québec en 1965, il n ‘en restait que 88 en 2005. Les intempéries, les inondations, les glaces, les incendies, l’usure et les surcharges ont eu raison de ces constructions.

Ces ponts ont fait leur apparition au Québec dès la première moitié du XIXe siècle sous l’influence de Nouvelle-Angleterre. Le toit et les murs, construits habituellement en poutres de cèdre, protégeaient le pont contre le climat. Un pont en bois qui n'est pas traité contre la pourriture ou qui n'est pas couvert a rarement une durée de vie supérieure à 15 ans. Un pont couvert peut durer près de 100 ans. L’inconvénient, en hiver on devait épandre de la neige sur la chaussée pour faciliter le passage des traîneaux.

Les premiers ponts couverts sont construits par de petites entreprises familiales ou par une municipalité. La majorité de ces ponts sont alors à péage et les usagers sont responsables des dommages qu’ils peuvent leur causer. De 1900 à 1930, la popularité des ponts couverts connaît un déclin. Par la suite, le gouvernement du Québec et les municipalités en reprennent la construction, dans le but d’activer la colonisation ou de pallier au chômage pendant la crise économique. D’où leur nom de « pont de colonisation » ou « ponts de la crise »

Les ponts couverts ont d’abord été un moyen de communication mais ils servaient aussi à l’affichage et à des activités telles que marchés publics, encans, assemblées politiques et rencontres amoureuses. Inspirant l’imagination populaire locale, ils furent à l‘origine de légendes comme celle du trésor caché dans un des piliers de pierre, de cavaliers fantômes qui s’y engouffrait bride abattue, de brigands, de la Dame en noir.

Pont de la Frontière

Le pont de la Frontière a été construit en 1896, près de la frontière du Vermont. De type Town simple, il est désaffecté depuis 1960 après plus de 75 ans de loyaux services. Il se nomme ainsi depuis le 2 juillet 1991, par décision de la municipalité de canton de Potton suite à la recommandation de la Société des Ponts couverts du Québec. Au début, il s’appelait pont du Creek et de 1983 à 1991, pont de Province Hill. Une durée de vie exceptionnelle : 114 ans, en 2010.

Situé sur le chemin Bellevue, il traverse la gorge du ruisseau Mud. Un site spectaculaire. Un sentier, situé en amont, sur le chemin Province Hill près du cimetière, permet d’accéder au ruisseau Mud et de contempler le pont dans toute sa splendeur. Sa longueur totale est de 31,04 mètres (101 pieds 10 pouces) et sa largeur hors-tout est de 4,95 mètres (16 pieds 3 pouces). La largeur carrossable est de 4,04 mètres (13 pieds 3 pouces). La hauteur libre au portique est de 3,53 mètres (11 pieds 7 pouces). Sa travée est l’une des plus longues du Québec. Haut perché, le pont est à l’abri des crues printanières.

Pont de Mansonville

Vue du ruisseau Mud

Le Conseil municipal de la municipalité du canton de Potton a adopté le 6 octobre 2008 le règlement 2008-358 visant la citation de ce pont à titre de monument historique. Il apparaît sur les armoiries du canton.

Potton a connu deux autres ponts couverts, celui de Mansonville, détruit par une inondation et reconstruit en béton et celui de Highwater, détruit.

Seulement deux ponts couverts subsistent encore dans la MRC de Memphrémagog . L‘autre, le pont Narrow se situe à Fitch Bay dans le canton de Stanstead. Dans les Cantons-de-l’ Est, il en reste dix.

Description d’un pont couvert

Un pont couvert est un pont construit en bois, composé d’un plancher supporté par des traverses, appuyé sur deux poutres triangulées et couvert d’une toiture. Le recouvrement des murs ou lambris qui protège les poutres est constitué de planches horizontales ou verticales. Les ouvertures pratiquées dans les lambris horizontaux avaient d’abord pour but de ventiler le pont et de permettre de voir à l’extérieur. Par la lumière qu‘elles laissaient entrer, ces ouvertures permettaient aussi d’éviter que les chevaux ne prennent peur dans ces longs corridors sombres et bruyants.

Les éléments de fondation, appelés culées ou piles, sont généralement constitués de caissons en bois. Cependant quelques ponts couverts reposent sur des éléments de fondation en maçonnerie. Aujourd‘hui, plusieurs de ces fondations ont été reconstruites en béton ou ont été simplement recouvertes de béton.

Poutres triangulées du type Town simple

Parmi les caractéristiques du pont de la Frontière, notons les poutres triangulées, les contreforts à mi- longueur, les lambris en planches verticales, les larmiers évasés, une large ouverture latérale et les portiques à linteau droit. Le roc présent des deux côtés a facilité la construction des culées. Le pont se classe en sixième position avec un indice patrimonial de 88% parmi les ponts couverts du Québec

Poutres triangulées du type Town simple

Sources

  • Gérard Arbour, Fernand Caron, Jean Lefrançois, Les ponts couverts au Québec, édité par Les publications du Québec en 2005. Voir les pages 111-113, 180, 185, 199 de ce livre. Ministère des Transports du Québec.
  • La Société d’histoire des Cantons de l’Est.
  • La Société des Ponts couverts du Québec.
  • Photographie: Edith Smessters, Hans Walser, Archives photographiques de l’Association du patrimoine de Potton, Ministère des Transports du Québec.

Équipe de production

Rédaction française et recherche: Jean-Louis Bertrand
Rédaction anglaise: Sandra Jewett
Édition originale © 2009
Édition Web: Serge Normand, 2024