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Dunkin

Le hameau de Dunkin se situe à environ un kilomètre de la rivière Missisquoi, à la hauteur du ruisseau Ruiter.

Il est à la fois un point d'ancrage dans la vallée de la Missisquoi et une porte d'entrée de la vallée du Ruiter, qui pénètre dans le massif des monts Sutton.

Les racines

Fondé en 1796 par le colonel Hendrick Ruiter, le hameau s'appelle alors West Potton en raison de sa situation à l'ouest du canton.

Militaire loyaliste né en 1739 à Hoosick dans l'État de New York, le colonel Ruiter avait fui les États-Unis pour s'établir à Potton avec sa nombreuse famille.

Il obtient ses titres de propriété en 1803, soit une concession de 960 hectares. Construisant dès 1800 les premiers moulins à scie et à grain de Potton, il développe rapidement ce territoire. Il meurt en 1819, à l'âge de 79 ans.

En 1895, les citoyens choisissent le nom de Dunkin, à la suite d'un discours enflammé de Christopher Dunkin aux fidèles de l'église baptiste sur la vertu de tempérance.

Il les a tellement émus, que la nécessité d'être sobre dans l'usage de l'alcool s'est enracinée dans l'esprit de la population. Avocat, enseignant, éditeur, soldat, politicien et juge, Dunkin avait fait voter la loi sur la tempérance ou Dunkin Act en 1864.

Actionnaire de la South Eastern Railway, il est l'instigateur de son implantation dans la vallée de la Missisquoi. Il meurt à Knowlton en 1881, à l'âge de 68 ans.

Le hameau

Le hameau de Dunkin est très évocateur des petits villages des Cantons de l'Est des années 1860-1960. Il représente encore, malgré la disparition ou la dégradation de plusieurs bâtiments, un ensemble patrimonial très intéressant.

Rapidement après sa fondation, Dunkin se dote d'une auberge, de moulins, de forges, de fromageries, de magasins généraux, d'une école, de deux églises et d'un bureau de poste.

C'est un relais pour les diligences sur la route entre Troy et Saint-Jean-sur-Richelieu. L'agriculture, l'industrie laitière et celle du bois y prospèrent.

Mark L. Elkins construit vers 1850 la maison patrimoniale Sherrer, située sur une petite colline. Propriété de Cecil Sherrer depuis 1941, elle servait auparavant de relais pour les diligences sous le nom de Wayside Inn ou de Stage Coach Inn. Une autre auberge, de jeunesse celle-là, la Canadian Youth Hostel, est gérée de 1945 à 1975 par Herman et Marguerite Omerli.

La première église, la Dunkin Union Church, bâtie en 1879 par le pasteur B.S. Reynold, fermera ses portes en 1972. Le révérend Ker érige, en 1881, une église anglicane qui sera transformée en école en 1923. Fermé en 1951, l'édifice sera plus tard rénové par le cinéaste Pierre Falardeau qui en avait fait sa résidence.

Les magasins généraux, aujourd'hui disparus, appartenaient à Herb Truax, Leon Aiken, Wilbur Fullerton et Archie O'Brian. Le premier téléphone du hameau est installé en 1918, mais ce n'est qu'en 1948 que le réseau électrique rejoint Dunkin

L'agriculture et les industries

Le long de la Missisquoi, plusieurs fermes prospèrent sur des terres fertiles inondées par les crues printanières. L'industrie laitière s'y développe avec son pendant, les fromageries. La plus célèbre est celle des Oberlin, Suisses d'origine, qui de 1950 à 1960 fabriquent les fameux fromages Tilsit et Limburger. Ce dernier, très odorant, est doux et crémeux, un délice!

Au début des années 1900, des entreprises forestières s'implantent dans la région : la Missisquoi Lumber Company en 1911 et, en 1918, la Singer Sewing Machine Co. de Saint-Jean-sur-Richelieu, qui fonde Singerville.

C'est un village de forestiers avec hébergement et cuisine, étables, forge, moulin à scie. Le bois coupé, dont le chêne, sert à fabriquer les meubles des célèbres machines à coudre Singer.

Un des sommets des monts Sutton porte d'ailleurs le nom de Singer, en souvenir de cette exploitation forestière. Le site ferme en 1926.

Un site industriel patrimonial rappelle aussi cette époque : le barrage Fullerton. Construit en maçonnerie vers 1910 par Sheldon Boright et long de 123 mètres (400 pieds), il retient les eaux de l'étang du même nom, qui est la source du ruisseau Ruiter. L'ouverture du barrage permet, jusqu'en 1927, de faire flotter les billots jusqu'à Dunkin et, de là, vers Richford au Vermont.

La société Domtar exploite les forêts de cette région jusqu'en 2004. Elle cède alors ses propriétés forestières de 60 km2 à Conservation de la nature Canada. Le coût de la transaction: cinq millions de dollars plus un crédit d'impôt de trois millions.

Les réserves naturelles

C'est à Dunkin que commence le chemin Ruiter Brook qui, suivant l'étroite vallée du Ruiter puis du ruisseau Singer, se rend près de l'étang aux Herbages, au pied du mont Singer. Le long de cette vallée, nous retrouvons les plus grands espaces forestiers préservés du Québec.

La Réserve naturelle des montagnes Vertes constitue, depuis 2010, la plus grande aire de conservation privée au Québec, soit plus de 8164 hectares. La Réserve comprend quinze kilomètres de sentiers reliés à un réseau global de 135 kilomètres, à la portée de tous les randonneurs. La Fiducie foncière de la vallée Ruiter, propriétaire 300 hectares depuis 1987, gère un réseau de sentiers balisés d'une trentaine de kilomètres.

Enfin, la Réserve écologique de la vallée du Ruiter se situe le long du chemin de l'Etang-Fullerton. Elle couvre une superficie de 117 hectares et appartient à la MRC de Memphrémagog. Non accessible au public, le site assure la protection d'écosystèmes menacés.