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L'hôtel Owl's Head Mountain House

À la fin du 19ème siècle, le lac Memphrémagog était devenu une destination touristique de choix avec des hôtels comme le Camperdown et le MacGowan House à Georgeville, le Memphremagog House à Newport et le luxueux Owl's Head Mountain House situé sur les bords du lac, au pied du flanc sud de la montagne.

Le domaine comprenait plus de 500 acres de boisés, de prairies et de jardins.

Alors que l'on atteignait les autres hôtels du lac par la route ou le chemin de fer, les villégiateurs du Mountain House devaient emprunter les traversiers à aube, le Mountain Maid ou le Lady of the Lake qui effectuaient la navette entre Magog et Newport au Vermont.

Le premier hôtel fut construit en 1845 par Myles Knowlton de Knowlton's Landing mais fut incendié en 1855.

Il fut reconstruit dans les années 1880 et atteint son apogée sous la direction de Charles Watkins de New York qui n'hésitait pas, dans sa brochure publicitaire, à qualifier l'endroit de Genève du Canada!

L'ajout d'une annexe et de chalets porta le nombre de chambres à 75, permettant d'héberger de 100 à 150 vacanciers.

Un ruiseau situé dans la montagne acheminait par gravité l'eau courante dans toutes les chambres.

Un jardin potager et des vaches alimentaient la cuisine en produits frais.

Il existait même un petit vignoble.

Les activités de loisir ne manquaient pas. Les clients disposaient d'une salle de billard, d'un casino, de courts de tennis, de boulingrin et de croquet.

Des chaloupes permettaient de se promener sur le lac et on vantait l'endroit pour la pêche au touladi ( truite grise) en annonçant des captures atteignant 100 livres, un poids peu commun mais plausible à l'époque.

Danse et théâtre faisient aussi partie des divertissements offerts par l'hôtel qui disposait d'une péniche à vapeur, la Owl, pour conduire les clients à une soirée d'opéra à Magoon Point ou à Newport.

Un joli belvédère surplombait le quai et un pavillon était réservé aux artistes-peintres.

De juin à septembre, l'hôtel pratiquait des taux hebdomaidaires de 9 à 15 dollars.

Parmi les clients réputés de l'hôtel, mentionnons Lord Dufferin, Gouverneur général du Canada, le Prince de Galles (futur roi Edouard VII) et le célèbre photographe montréalais William Notman, qui légua plusieurs photographies de l'endroit et de la région.

Signalons aussi l'auteur britannique Anthony Troloppe qui, dans son ouvrage de 1863, North America, écrivait « ... en dépit de son éloignement, l'hôtel est bien tenu et, de façon générale, nous profitons d'un confort supérieur à tout autre endroit semblable dans le Bas-Canada ».

Troloppe recommandait tout particulièrement une activité de plein air, une marche de deux heures environ vers le sommet de Owl's Head, que l'on atteignait par un sentier débutant à proximité de l'hôtel. L'auteur insistait pour que l'on s'y rende en fin d'après-midi, de manière à pouvoir contempler le coucher du soleil. Il ajoutait: « Je n'ai jamais escaladé une montagne qui m'ait donné une vue aussi imprenable sur le paysage environnant ».

Même les dames y parvenaient malgré leurs longues jupes et leurs chaussures de salon, car des cables jalonnaient les sections les plus abruptes du sentier pour aider les excursionnistes.

John Dix en trace un récit détaillé, ci-contre.

Ce sentier fut aussi utilisé par les Francs-Maçons de la loge Golden Rule de Stanstead qui, le 24 juin 1858, inaugurèrent au sommet de la montagne la première loge en plein air au monde.

Ils y retournent depuis, tous les ans, pour leurs rituels initiatiques au moment du solstice d'été (21 juin).

Le 11 octobre 1899, vers neuf heures, un employé s'affairant à réparer le toit, oublia sur le poêle un sceau de goudron. Ce fut la fin du Mountain House. L'hôtel disparut en une heure et il ne fut jamais reconstruit.

Ce fut le sort commun de la plupart des grands hôtels qui se hissaient à l'époque autour du lac Memphrémagog. Une résidence particulière occupe aujourd'hui, ce site enchanteur.

Équipe de production

Rédaction: Gérard Leduc et Peter Downman
Révision: Michel Guillotte
Infographie: Pierre Nadeau, Estrie-Art Infographie
Édition originale: 2003
Édition Web: Serge Normand, 2024

Voir aussi cet article publié dans la revue
HISTOIRE POTTON HISTORY
VOLUME 5 | NUMÉRO 1 | PRINTEMPS 2017
L'hôtel Owl's Head Mountain House
par Jean-Louis Bertrand

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