Ce dépliant a été publié dans le cadre d'une exposition au musée de la Maison Reilly à Mansonville en juin 2010.
Les écoles de Potton, d'hier à aujourd'hui
Relater l'histoire de nos écoles ravive quantité de souvenirs qu'il fait bon se remémorer. Autrefois, comme de nos jours, dans les petites municipalités comme ailleurs, on prenait l'instruction au sérieux!
Les écoles de rang
Les toutes premières écoles étaient le plus souvent de petits bâtiments d'une seule pièce, chauffés par un poêle à bois.
À cette époque, on les identifiait habituellement par des numéros ou par des noms plus descriptifs, soit de famille ou d'endroit. Citons South Hill ou Mansonville Station School no 2, située près de la gare de ce nom à Highwater, Sainte-Thérèse no 5, Sweat no 7 ou Blanchard no 6 ...
Grâce à la recherche de Maria Bray, publiée dans Annual Review ( 27 avril 1973 ), la vie des écoles d'antan refait surface.
On y apprend que l'école-église Sweat, construite en 1840, comporte une salle de classe avec un choeur équipé d'un lutrin qui sert de pupitre au professeur et de chaire le dimanche. Les élèves s'assoient sur de longs bancs pourvus d'une tablette devant pour ceux qui savent écrire; les autres n'ont qu'un banc! Les matières enseignées se résument à l'arithmétique, l'épellation et la grammaire.
Le calendrier scolaire varie selon l'âge des élèves; les plus jeunes fréquentent l'école en été, et les plus vieux durant l'automne et l'hiver afin d'offrir leurs services aux champs pendant la belle saison.
L'année scolaire se limite à sept mois.
Dans les années 1920, les enfants se rendent à l'école Sweat à pied, parfois sur une distance d'un mille ou deux, beau temps mauvais temps. D'autres ont le privilège d'un transport en voiture attelée à des chevaux.
C'est ainsi que, deux fois par jour pendant deux ans, Robert Kirby voyage une quinzaine d'enfants du secteur de la route 243 et du chemin Traver.
Cet aperçu reflète assez fidèlement les conditions qui prévalent dans toutes les écoles de rang du canton de Potton au 19e siècle.
Il est important d'ajouter que la discipline et le respect de l'autorité sont de rigueur, et que plus d'un professeur utilise la règle pour se faire écouter.
On peut dire que la vie n'est pas facile pour les enseignants qui ont à fendre le bois, chauffer et nettoyer la place, enseigner à sept divisions! Ils doivent aussi se louer une chambre dans le voisinage quand ils n'habitent pas dans l'école.
En ce temps-là et pendant plusieurs années, l'événement le plus important pour l'école est bien la visite de M. l'Inspecteur. Il vient deux fois par année constater le degré de savoir et la marche des progrès des élèves que la timidité rend parfois muets, au grand désespoir des instituteurs. Quelle préparation ceux-ci s'imposent-ils!
Quant aux écoliers, ils arrivent tout pimpants, dans leurs plus beaux habits, prêts à saluer l'arrivant d'un bruyant « Bonjour, M. l'Inspecteur! ». Des bonnes ou mauvaises réponses des élèves dépendent alors le degré de compétence des instituteurs et la note qui figure dans les registres de l'école. Certains élèves méritants sont enchantés de repartir à la maison avec un livre signé de la main de cet impressionant visiteur.
Les écoles anglo-protestantes
Les anglo-protestants s'intéressent très tôt à l'instruction des jeunes. Selon les historiens Cyrus Thomas et C.M. Day (1869), la première école date de 1809 et est construite pour donner suite à une pétition envoyée à Sir Gordon Drummond, administrateur en chef du Bas et du Haut-Canada, par des citoyens désireux de voir leurs enfants s'instruire.
Elle est érigée à Mansonville et sert aussi d'église et de cour de justice. Pendant plus de vingt ans, c'est la seule école du canton. Par la suite, le canton de Potton a connu dix-huit écoles de dénomination protestante, réparties un peu partout sur le territoire.
Quant au village de Mansonville, ses écoles ont vécu une histoire assez mouvementée. L'Academy no 5 (1857), sise sur le site actuel du cénotaphe, brûle en 1893. On la remplace la même année par la Model School qui devient, en 1915, l'Intermedite School. Celle-ci offre des niveaux scolaires plus avancés, jusqu'à la 10e année.
En 1923, une épidémie de typhoïde force la fermeture de l'école qui, avec l'aide de la Croix-Rouge, est tansformée en hôpital. Elle est démolie en 1953.
En 1890, on trouve aussi à Mansonville une école de l'autre côté de la rivière Missisquoi que l'on traverse par un pont couvert; elle brûle deux ans plus tard.
Quelques-uns des instituteurs qui ont laissé leur marque à l'école Sweat sont les frères Luke et Henry Knowlton. Mentionnons aussi Mme Erma Jones-Perkins diplômée de Macdonnald College et le Révérend Ernest Taylor qui y enseigna en 1867-68, pour devenir plus tard inspecteur dans les écoles.
Ce n'est pas tous les enseignants qui ont un brevet d'enseignement. C'est le cas de Abner W. Kneeland, un jeune homme de 17 ans qui s'est distingué à l'école Blanchard. Pour ce qui est des professeurs d'autres écoles, on retrouve Mme Kate Magoon titulaire à l'école Jones no 12, à Vale Perkins. Une demoiselle Brown enseigna au-delà de quarante ans, dont un bon nombre à Highwater.
Compte tenu de la dépopulation anglophone, les écoles anglo-protestantes commencent à se vider. De dix-huit qu'elles étaient au début, elles passent à sept en 1935.
Aujourd'hui, il ne reste qu'une seule école de niveau primaire de langue anglaise, Mansonville Elementery School, qui remplace Intermediate School en 1953. Elle compte une vingtaine d'élèves.
Les écoles françaises catholiques
Les francophones arrivent beaucoup plus tard dans Potton, soit vers 1860. À l'opposé des protestants qui construisent des écoles avant des églises, les catholiques tardent à jeter les bases de l'instruction scolaire.
Vers 1880, ils occupent les écoles anglophones abandonnées, comme l'école Sugar Loaf. Neuf écoles de langue française desservent le canton, dont Laliberté no 5, Christ-Roy no 7, Sainte-Thérèses no 4, etc. Pour plusieurs familles francophones, l'école la plus près est de langue anglaise; de ce fait, les enfants perdent leur connaissance du français.
Dans le village de Mansonville, la première église catholique est construite en 1880 et la première école française est érigée peu après sur le site du CLSC actuel. En 1919, la construction de la deuxième église Saint-Cajetan débute, et la première église est déplacée de l'autre côté de la rue Principale. En 1924, ce bâtiment est transformé en un pensionnat, tenu par les Filles de la Charité du Sacré-Coeur de Jésus, pour garçons et filles qui demeurent trop loin du vllage. En 1929, madame Rita Boucher-Marcoux y est pensionnaire pendant un an avec trois de ses soeurs et un frère. Ce pensionnat deviendra plus tard la maison de Thomas Carrier.
Selon Paul Rouillard de Mansonville, le feu allumé par une chandelle de Noël consume la première école, probablement en décembre 1930. La deuxième école est reconstruite sur le même site que la première par M. Albert Benjamin de Potton et, le 21 novembre 1931, les religieuses s'y installent et prennent en charge l'enseignement dans le Couvent, nommé ainsi parce qu'il y avait des élèves pensionnaires.
Les écoles de rang ferment en 1955-1956; alors, le Couvent devient trop petit et on bâtit l'école Notre-Dame-des-Lumières qui ouvre ses portes aux élèves jusqu'à la 11e année. Les religieuses quittent Mansonville en 1965, et le cours secondaire est transféré à Magog. En 1983, l'école prend le nom d'école du Baluchon fréquenté aujourd'hui par une soixante d'enfants de niveau primaire. Le projet de réunir les deux écoles française et anglaise est actuellement à l'étude.
Note de l'auteur
Les sources d'information sur les premières écoles sont difficile à exploiter parce que parfois contradictoires. Une recherche plus approfondie serait nécessaire, mais dépasse les objectifs de cette publication.
Sources
- Rita Boucher-Maroux
- Roger Deschêches
- Histoire d'une paroisse, St-Cajean, d'un village, Mansonville, d'une municipalité, Potton, 1982
- Yesterdays of Brome County, BCHS, Vol III et VIII
- History of Brome County, Vol ii, Ernest E. Taylor, 1937
- Photos d'archives de l'Association du patrimoine de Potton
Équipe de production
Recherche et rédaction: Gérard Leduc
Collaboration: Madeleine Soucy
Infographie: Eureka! En Estrie
Édition originale, 2010
Édition Web: Serge Normand, 2024